Écoute

Union des coeurs

Écoute. Écoute te dis-je ! N’entends-tu pas le monde vrombir ? Il a faim. Faim de savoir, faim de comprendre, faim de ne faire qu’un. À l’éternelle recherche de son sens, il tourne. Tu appartiens à ce monde, et il t’appartient. Vous faites partie l’un de l’autre. Assoiffé de profondeurs intérieures, tu le creuses et le sculptes à ta manière par tes yeux, ton corps et par ton entière unicité. Toi seul entends comme tu entends, sens comme tu sens, alors inspire. Prends conscience, mastique et exprime l’air de tes sensations. Peins, chante, danse ! Par tes actions et ton existence, illustre une partie de ce monde: ta perception. C’est là ton plus grand rôle. Ne cherchant point à comprendre, ta conscience perd sa raison d’être; et ta singularité, son utilité. Puisqu’ainsi tu comprends le monde, tu le prends avec et ne rejettes rien. Seul son tout fait sens. Respire. Ouvre les bras en grand et accueille ce qui t’entoure. Ainsi, tu étires l’espace universel du temps. La pleine conscience dont tu es capable amplifie ta respiration, ton corps s’ouvre et se détend, ton énergie est sous contrôle, et dirigée où tu le souhaites. Plus haute est ta perspective, plus grande est ta lucidité et la dilution de ses influences. Alors, tu contribues à l’élan vital qui jaillit du monde et dont on se nourrit. Tu écoutes, pour mieux écouter encore. Ce don est ta croix, ton sacerdoce; une vie sacrifiée, au bénéfice du sens. Tu es ce que tu dois être. Pour écouter, tu te rapproches, prends acte, et sors de ton état subi. Tu écoutes non dans l’obéissance passive, mais dans la bienveillance active. Tu es rendu au chevet du monde et de toi-même, pour contribuer à leur discernement et à l’approche de la vérité. Au service de ce monde, tu participes d’un tout qui se transforme et se meut à la recherche de l’union perdue. Loi cosmique, scindé en deux par les Dieux il y a bien longtemps, le monde poursuit sa quête infinie. Écoute. Ouvre les yeux, le monde est là, il a besoin de toi. Laisse-toi guider où il te mène. Écoute simplement, vraiment, avec humilité: le chemin est là. Il se crée en toi. Que te disent les étoiles, les arbres, le vent, le sang dans tes veines, les fourmis dans tes pieds, les yeux de tes parents, la bouche de ton amant, le sourire de tes amis... Écoute. La réponse est inscrite au coeur de toutes tes cellules qui entre elles déjà cohabitent et se répondent. Écoute l’instant, le temps, la beauté et l’amour qui n’attendent que d’être saisis. Écoute. Fais-toi artiste de ton monde; de ce monde qui a désespérément besoin de plus de poètes, de rêveurs, d’oreilles qui se tendent, de mains qui se prennent, du tissage inter-sensoriel d’entre tous les êtres qui forment son peuple. Je crois en l’infini virtuosité du vivant. Je crois qu’en prêtant attention à ce qui est en nous et à ce qui nous entoure, stimulant les nerfs et créant, par les ondes qui nous traversent, nous unissons les coeurs; et d’un seul battement, marchons ensemble vers l’éternité.


Texte publié dans le hors-série À l’écoute de Génération XX